Sur le terrain, au sein des résidences séniors du Nord Essonne, les initiatives intergénérationnelles se sont multipliées ces dernières années. D’ateliers numériques à des jeux de société partagés, ces expériences ont un point commun : elles mettent en relation directe des jeunes – lycéens, collégiens, membres de dispositifs locaux, volontaires en service civique – et des personnes âgées vivant en résidence. Par-delà le plaisir de la rencontre, une question se pose : qu’est-ce que les jeunes retiennent vraiment de ces moments partagés ? Plus précisément, quelles compétences sociales forgent-ils dans cette proximité nouvelle avec leurs aînés ?
Au fil des bilans, des retours d’animateurs et des études nationales (voir rapport France Bénévolat 2022), il apparaît que ces interactions vont bien au-delà de la simple convivialité. Elles modèlent des aptitudes qui, pour beaucoup, font justement défaut dans le monde numérique ou individualiste d’aujourd’hui. Focus sur les principaux apports repérés dans notre territoire.
Dans les résidences séniors de Chilly-Mazarin, Longjumeau ou Morsang-sur-Orge, un constat revient souvent du côté des équipes éducatives : il y a un avant et un après pour les adolescents qui intègrent des projets intergénérationnels.
Les activités intergénérationnelles ne sont pas « juste » des espaces de dialogue. Elles confèrent très vite aux jeunes des rôles actifs et parfois inédits :
Les projets intergénérationnels instaurent des situations où il faut chercher à coopérer, trouver des compromis et résoudre des conflits de façon pacifique.
Les résidences séniors du Nord Essonne représentent un microcosme social que beaucoup de jeunes n’avaient jamais eu l’occasion de côtoyer. S’y investir, c’est accepter – parfois pour la première fois – un rapport à la maladie, à la dépendance, voire au vieillissement, loin des images filtrées de la vie numérique.
Cette ouverture à l’autre, ce respect de la différence, sont des dimensions centrales des compétences sociales selon l’UNESCO et l’Organisation internationale du Travail.
L’utilité de ces compétences n’est pas que sociale ; elle bénéficie aussi au parcours scolaire et professionnel des jeunes. Divers mécanismes sont à l’œuvre :
Ces effets ne restent pas abstraits. À Sainte-Geneviève-des-Bois, le projet annuel « Passeurs de Mémoire » a mobilisé près de 45 jeunes et 30 résidents en trois ans. 90% des jeunes ont accepté de revenir l’année suivante et deux sur cinq ont choisi de s’inscrire dans une nouvelle action locale.
Du côté des animateurs, la directrice de la résidence La Cerisaie à Villemoisson-sur-Orge rapporte que l’ambiance générale se transforme : « Les jeunes apportent du dynamisme. On sent aussi que les plus timides prennent de l’assurance au fil des séances. »
Quant aux familles des jeunes, elles témoignent – lors des restitutions publiques – d’une évolution dans l’attitude de leurs enfants : plus de patience, moins de jugements rapides, et davantage de plaisir à raconter leur quotidien.
Les structures locales cherchent à pérenniser et enrichir ces dispositifs :
L’enjeu : permettre à chaque jeune ayant participé à une action intergénérationnelle en résidence séniors d’en tirer le maximum pour sa vie présente et future, tout en tissant avec les aînés des liens durables et transformateurs pour notre tissu local.